Cette nuit, c’est la pleine Lune, et je n’arrive pas à trouver le sommeil…
J’ai grandi avec l’idée que nous, les femmes, étions sensibles à ces variations cosmiques ; alors je ne force pas, il est 5h, Nina s’éveille – ou devrais-je dire « se lève ».

Du coup, je m’installe à mon bureau, et je me dis que je vais être attentive à l’univers… Nous sommes mercredi, avant dernier jour d’une année qu’on a envie d’oublier à tout jamais, je suis censée publier un article sur mon blog… Insomnie, pleine Lune, blog… Je sais ! Aujourd’hui je vais vous parler du livre « Sorcières : la puissance invaincue des femmes », de Mona Chollet.
L’éternelle question de la place de la femme dans ce monde… Ce qui est fou, c’est qu’elle soit encore d’actualité en 2020. Mais bon, puisqu’il faut traiter ce dossier, allons-y gaiment ! Et en la matière, on peut dire que Mona Chollet a fait un travail remarquable : d’une documentation aussi riche qu’éclectique, elle a édité en 2018 cet ouvrage qui met en lumière la chasse aux sorcières, initiée au Moyen-Age, et toujours d’actualité ; elle revêt aujourd’hui des traits plus fourbes, une méthodologie sournoise, faisant passer des actes et des propos abjectes comme faisant partie d’une normalité admise. Mais elle existe bel et bien. Et pour illustrer son propos, l’autrice divise son ouvrage en quatre thématiques principales.
Dans un premier temps, il est évidemment question de l’infantilisation et l’objectification de la femme dans la société et dans son foyer : du « mademoiselle » administratif qui ne connait pas son pendant masculin, aux invectives concernant la date de péremption de ses ovaires si toutefois elle n’a toujours pas donné la vie à 35 ans passés, les exemples de décrédibilisation du sexe faible ne manquent malheureusement pas. La femme indépendante et autonome, pour peu qu’elle soit en plus célibataire et ne manifestant aucun désir d’enfant, est la bête noire de notre société dite « moderne » ; la femme comme rempart à l’insécurité masculine, un concept qui connait encore de beaux jours devant lui.
Mona Chollet s’atèle ensuite naturellement à cette question de la maternité comme accomplissement absolu. Un précepte vieux comme le monde, et selon lequel une femme inféconde n’est pas plus utile et n’a pas plus de légitimité en ce bas monde qu’un stylo à plume sans sa cartouche. De même que les postes obstétriques sont souvent occupés par des hommes (et c’est tant mieux, grand bien leur fasse), la législation autour de l’avortement et de la contraception est également majoritairement une affaire d’hommes… A la question « mais de quoi je me mêle ? », ils ont la réponse, et vous la dispenseront sans trembler du menton. Imaginez un peu une assemblée de ministres femmes, débattant sur la pertinence du contrôle médical de la prostate, et votant un budget alloué à la sensibilisation du public masculin à ce sujet ; vous avez du mal, n’est-ce pas… ?
Arrive ensuite la question des femmes séniors ; Eh oui, parce que ça n’est pas le tout de se marginaliser toute sa vie durant à ne pas vouloir d’enfant, il faut ensuite affronter le regard méprisant de la société face à son corps vieillissant. Là encore, on n’est pas tous égaux devant le temps qui passe ! Si on a coutume de dire d’un homme qu’il se bonifie avec le temps, une femme elle, dès lors que l’ovale de son visage est soumis aux cruelles lois de la pesanteur, est classée dans la catégorie des objets obsolètes ; le corps de la femme se doit comme on l’a vu d’être désirable, sculptural, comme une terre à conquérir ! Si ce corps porte les marques du temps, et des batailles menées durant sa vie, alors il encombre, pire ; il dérange. Et le jeunisme patenté dans lequel patauge allègrement notre société, est une arme supplémentaire à l’avantage des hommes pour maintenir sous leur joug le sexe faible.
Enfin, la dernière partie est consacrée au discrédit attribué à la sensibilité féminine ; ou comment faire passer pour des folles furieuses, des femmes qui s’illustrent dans des domaines considérés comme non-académiques ? Et pourquoi les écarter systématiquement d’une réflexion hyper masculinisée ? Que l’homme cherche à garder la main sur tous les aspects de la vie quotidienne, s’octroyant par la même occasion l’auto-proclamation de toute puissance, dans tous les domaines – et ce dans tout l’univers, on peut le comprendre ; mais que les femmes aient intégré ce phénomène comme étant normal, allant jusqu’à s’auto-dénigrer et se critiquer entre elles quand elles devraient au contraire se serrer les coudes, alors là je dis chapeau bas à cette arnaque montée de toute pièce ; un conditionnement pavlovien qui inscrit le machisme latent dans une durabilité assurée.
Avec “Sorcières : la puissance invaincue des femmes”, Mona Chollet nous propose une initiation légitime et pertinente au féminisme, à travers des faits historiques incontestables, une analyse ultra documentée de la misogynie silencieuse, et pléthores d’anecdotes relatant ces agressions “anodines” et quotidiennes. Une invitation à la réflexion et au débat, que l’on soit homme ou femme, et dont on sort habité d’espoir et/ou de colère, mais indéniablement changé.
Mon commentaire ?
Merci …
Merci pour cette bien belle et première découverte à l’aube de cette nouvelle année que je vous souhaite belle et heureuse.
Me voilà parti pour découvrir vos autres lignes …
A très bientôt …
Merci beaucoup JeanM! Je vais m’atteler avec plaisir à vous faire part de mes découvertes littéraires et autres! Puisse 2021 être un puits d’inspiration sans fond! Je vous souhaite une merveilleuse année.